Sylviane Agacinski, Drame des sexes. Ibsen, Strindberg, Bergman

 

Pourquoi le rapport entre les sexes est-il aussi dramatique ? Pourquoi, entre eux, le drame, toujours ? La question me poursuit, depuis l’enfance.

Suivant une vision théâtrale de l’homme et de la femme, il y a l’amour, il y a les conflits, les scènes, et l’issue fatale : le retournement du bonheur en malheur.

Le rapport à l’autre sexe est-il nécessairement frappé d’une malédiction? Les femmes en sont-elles les principales victimes, comme chez Ibsen ou bien, comme chez Strindberg, le malheur frappe-t-il aussi les hommes ? Les deux, bien sûr, car c’est toujours de l’autre que vient le drame, comme dans le cinéma de Bergman. Pour ce grand metteur en scène du couple, rien n’est plus réel que l’amour, ce qui ne l’empêche pas de faire dire au diable, dans un de ses films : « Que serait l’enfer, sans le mariage ? »

Le théâtre de la conjugalité ne se joue jamais d’un seul côté, il a lieu entre les deux. C’est le jeu, entre les passions, que donne à contempler le drame, sur la scène, laissant la parole aux deux parties.

S.A.

224 p. octobre 2008 — EAN 9782020965927

Le Monde, Patrick Kechichian, 27 novembre 2008 : “A l’origine du dernier livre de Sylviane Agacinski, une conviction maintes fois affirmée depuis son essai sur la Politique des sexes (Seuil, 1998) : la différence des sexes est inscrite dans les corps et a pour conséquence un écart irréductible. Ou dit autrement : “Féminité et virilité échapperaient-elles aux sexes ? Au contraire, elles y conduisent sans cesse, non comme à une réalité naturelle, mais comme à une dualité dissymétrique.” Dissimuler cette dualité essentielle derrière l’abstraction d’un universalisme égalitaire ou le fantasme d’un possible progrès, d’une conquête, entraîne des conséquences fâcheuses, un aveuglement, une perte de conscience. Sans nous rendre plus heureux. (…) Prenant à la lettre – et au sérieux – le mot de “drame”, c’est au théâtre, tout naturellement, que Sylviane Agacinski s’est rendue. (…) <Elle a choisi> un ensemble cohérent de trois auteurs modernes, tous nordiques, entretenant entre eux des relations d’intérêt, de reconnaissance, voire de franche hostilité : le Norvégien Henrik Ibsen (1828-1906) et les Suédois August Strindberg (1849-1912) et Ingmar Bergman (1918-2007). Les trois ont opéré “une critique des catégories du masculin et du féminin” et ont “quelque chose à nous apprendre des discordances et malentendus entre les sexes, qui éclatent sous la forme de scène, au sens d’une scène de ménage”.”