Sur le territoire de la Chine ancienne se joue une formidable partie de gô. Dans ce monde où les principautés sont en guerre les unes contre les autres, où les alliances se retournent au gré des saisons, le despote chinois, comme le prince de Machiavel, ne connaît que l’efficacité.
À l’ombre des palais impériaux, son intelligence retorse définit un art de la manipulation politique.
Entraînant le lecteur dans un univers policier, l’auteur mène son enquête au Pays des hauts dignitaires. Il y découvre le fonctionnement des services de renseignements et les intrigues qui lient les espions entre eux. Tour à tour fidèles et dénonciateurs, ces informateurs font partie d’un monde politique où la traîtrise devient, peu à peu, une pratique institutionnelle.
Convaincu que l’intérêt de chacun passe par la domination de tous, le tyran rêve d’un pouvoir absolu. Cautionnées par la doctrine de Confucius et le taoïsme, les stratégies politiques du prince correspondent à ses choix mystiques. Il veut soumettre l’ordre social au rythme du cosmos, le naturel au surnaturel.
Du temps des Royaumes combattants, au Ve siècle avant J.-C., à la fin des Tang au IXe siècle, Jean Levi analyse avec minutie le fonctionnement d’un appareil d’État géré par des fonctionnaires devenus divins. Son livre ouvre des perspectives inédites à toute réflexion sur les fondements religieux du totalitarisme.
313 p., septembre 1989.