Alain Fleischer, Sous la dictée des choses

Dans cette constellation de fictions qui pourraient appartenir à un même roman, tous les personnages sont soumis à une loi commune. Placés sous la dictée des choses – celles de l’amour, du sexe et de la mort : objets, œuvres d’art, situations, circonstances… –, les hommes y sont les jouets de leurs jouets.

Ces aventures baroques, aux issues imprévisibles, déroutantes, conduisent Alain Fleischer au monde bien réel mais paradoxal des collectionneurs : sont-ils les maîtres de ce qu’ils possèdent ou sous l’emprise de ce par quoi ils sont possédés ?

septembre 2011, 496 pages — EAN 9782021020618

Maurice Mourier, “Sauvé par les mots“, La Quinzaine littéraire, 1er octobre 2011 : “Les choses, littéralement, sont des pré-textes et l’écrivain n’est autre que le collectionneur de fictions qu’il engendre lui-même afin de pouvoir les lire, et de se lire lui-même dans le même mouvement de création qui le sauve en le préservant du néant.”

• Isabelle Rüf, “Le cabinet de curiosités d’Alain Fleischer“, Le Temps, 16 décembre 2011 : “Le recueil récemment paru dans La Librairie du XXIe siècle nous apprend que si les textes de ce polygraphe sont dictés par lui, ils le sont d’abord à lui-même : par les choses. Tout lui est motif à collection : objets venus de l’enfance, jouets et petites autos, machines, images et photographies, mais avant tout, histoires glanées et élaborées, défaites et recomposées, qui font ressurgir, comme dans un bain de révélateur, ce qu’on croyait disparu dans «les angles morts» de l’Histoire. La destruction des juifs d’Europe centrale et de tout le monde qui était le leur sous-tend l’œuvre d’Alain Fleischer, sous forme imagée, fantastique. (…)

Sous la dictée des choses est un recueil, un cabinet de curiosités, un fourre-tout très agencé où l’auteur a mis, dans un désordre apparent, des destinées fabuleuses, des portraits de collectionneurs, des images publicitaires anciennes, des réflexions sur la langue et sur le nom (le sien et celui des autres), des photographies troublantes d’où surgissent des ombres. Si on a suivi le parcours d’Alain Fleischer à travers ses grands romans, on décèlera «sous la dictée des choses» tout son art poétique. Et si on entre dans son monde par cette porte dérobée, on se trouvera de plain-pied dans un territoire mouvant, où la réalité est diffractée pour se recomposer ailleurs dans le temps et l’espace (…)”.