Jérôme Prieur, La Moustache du soldat inconnu

Depuis l’enfance, j’ai voulu écrire mes souvenirs de la guerre de 14.
J’ai mis des années avant de m’aventurer sur les traces de cette vieille guerre qui s’était déposée en moi, alors qu’aucune raison biographique, apparemment, ne justifiait cette obsession.
Cette guerre appartient à notre histoire intime, à nos familles, à nos secrets de famille. Partout les monuments viennent nous le rappeler, avec leur litanie de noms. Survivants et rescapés, combattants oubliés ou disparus, les soldats de 14-18 sont restés des soldats inconnus. Avec leur moustache, leur képi, leur casque, n’ont-ils pas tous l’air de se ressembler ?
Alors j’ai laissé les revenants m’approcher. J’ai fouillé leurs visages, leurs photos, et même un petit film amateur tourné au front, qui m’est parvenu comme une bouteille à la mer. Je suis parti rechercher les êtres vivants, fossilisés à l’intérieur de ces images, et pourquoi cette guerre s’était fichée au fond de mes yeux.

J. P.

272 p., septembre 2018 —  EAN 9782021401035
Fabrice Gabriel, AOC, « La guerre n’est pas finie« , 28 novembre 2018 : « Le centenaire de la Première guerre mondiale a été l’occasion, depuis quatre ans, de très nombreuses publications, commémoratives ou savantes. Publié presque in extremis cet automne, La Moustache du soldat inconnu de Jérôme Prieur est l’un des essais les plus personnels et les plus précieux pour (re)penser notre rapport à ce conflit fondateur, à travers le récit intime d’une sorte de vocation pour les images et les fantômes – quelque chose, aussi, comme la clé d’une œuvre, au croisement de l’imaginaire et de l’histoire. (…) Un livre pour l’accueil des morts, et qui soit aussi, un peu, le livre de sa vie : l’air de rien, Prieur a réussi par là un très beau livre d’histoire, à la première personne. »