Daniele Del Giudice, Horizon mobile

Un homme voyage vers « le Sud le plus profond et radical », l’Antarctique, de Santiago du Chili à Punta Arenas, jusqu’à “une autre planète, un corps céleste habité par des millions de pingouins, impeccables et gauches martiens ». Il explore ce paysage hypnotique et indifférent, ce Sud gelé qui conserve dans ses neiges éternelles et ses glaciers les histoires de ceux qui l’ont habité, de ceux qui ont tenté de le rejoindre : hommes aventureux au destin souvent tragique qui ont connu le désespoir, la peur, l’emprisonnement dans les glaces, et parfois la folie.

Daniele Del Giudice nous raconte ce voyage dans la nuit polaire de l’homme et du monde.

Par un travail de marqueterie, à la limite entre la vie et la littérature, l’auteur reconstitue une « hyper-expédition » qui relie entre eux des épisodes de voyages historiquement réalisés, en refaisant leurs parcours sur les sentiers du monde et sur ceux de l’écriture.

traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro, 240 p., mars 2010 — EAN 9782021001815

Non.Fiction.fr, Anne-Gaëlle Weber, 8 septembre 2010 : “Le roman de Daniele Del Giudice n’est ni un roman d’aventures, ni un récit de voyage, ni un roman écrit à partir de récits de voyage, dans la tradition des ouvrages de Verne, Poe, Conrad ou Stevenson cités par l’auteur. Les noms de Cook, de Ross, de Schackleton, de Fitzroy et de Darwin, de Bellingshausen, de Scott et d’Amundsen émaillent certes le récit. Mais la manière dont ces références s’inscrivent, dans un récit fictionnel ou non, qui raconte l’exploration après la découverte contribue à renouveler l’écriture du voyage comme celle de la fiction. Horizon mobile explore les frontières instables du roman et de l’Histoire. (…) Le voyage raconté finalement est un voyage à la recherche de la Condition Humaine et un voyage dans les profondeurs de l’Histoire qui n’est plus seulement l’Histoire de l’homme mais celle aussi de l’univers : le voyage dans l’espace est aussi un voyage dans le temps qui appelait nécessairement une transgression de la logique linéaire du récit. Mais, curieusement, cette transgression, loin d’éloigner le texte du genre du récit de voyage ou de celui du roman d’aventures, est ce qui en fait l’illustration d’un nouveau développement possible de ces genres, par delà la disparition des terres inconnues et celle d’une certaine mystique de l’aventure”.