« Rabat, Maroc, deuxième semaine d’automne
Hier j’ai assisté, pour la première fois, à une transaction commerciale concernant le temps. Ou plutôt, j’ai perçu, je crois, un échange de ce genre dans une petite boutique, une échoppe sur le versant occidental de la Médina où l’on arrive par la rue des Consuls ; je fais allusion par là à ma sensation personnelle d’avoir assisté à un événement simple, celui d’un homme qui vendait du temps à un autre homme. »
Le narrateur reste hanté par cette scène, et, de Rabat à Stavanger, en Norvège, il part à la recherche d’une explication. Y-a-t-il réellement un commerce du temps et quelles sont les personnes qui le pratiquent ?
traduit de l’italien par Jean-Paul Manganaro, 80 p., avril 2012 — EAN 9782021078220
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• L’Humanité, Laura Léoni, 9 août 2012 : “(…) C’est chez un petit cordonnier de Rabat, au milieu des babouches et des sandales en cuir, que le narrateur assiste pour la première fois à ce qu’il appelle « une transaction commerciale concernant le temps ». Ce moment aussi furtif qu’irrationnel, dont il est le témoin involontaire, enfante le germe d’une obsession. (…) Serait-il possible d’acheter une heure, quelques années ou même une seconde ? Où sont les vendeurs et les acquéreurs ? Happé par ces interrogations, le lecteur se laisse emporter du Maroc en Italie du Nord où on le met dans la confidence. (…) L’écriture est nerveuse, percutante, perturbante même, comme si l’auteur lui-même tremblait à l’idée de ne pas trouver le temps de finir. C’est qu’il faut aller vite pour exposer un sujet aussi vaste et complexe sur cinquante pages. Cette tension permanente fait de Marchand de temps un véritable sprint littéraire. Un ouvrage qu’on achève essoufflé et qui laisse quelques heures de réflexion en guise de courbatures.”
• Didier Jacob, “Le temps, c’est tant“, BibiObs, 29 mai 2012 : “C’est au Maroc, dans une obscure échoppe de la Médina, que le narrateur des trois courts récits qui composent cette fable, mystérieuse et obsédante comme les expériences secrètes des alchimistes de la Renaissance, est un jour témoin d’une scène stupéfiante. Un humble cordonnier vend en effet du temps à un vieillard, entré à cet effet dans sa boutique. Acheter un mois, deux ans, un siècle? Le narrateur aimerait qu’on lui propose à son tour la précieuse marchandise, mais l’artisan se dérobe, laissant sur sa faim le touriste en visite à Rabat.
Dans la deuxième nouvelle, l’auteur du «Stade de Wimbledon» emmène son narrateur à Trévise, chez un «vieux fondateur d’entreprise et fabricant de technologies» qui lui confirme l’existence de ce commerce. Et c’est finalement en Norvège, où il est amené à visiter la mystérieuse fabrique du temps – un supermarché, plutôt, où sont proposées des boîtes aux dimensions variables selon que le temps qu’on y achète pèse trois minutes ou bien des plombes – que Daniele del Giudice annonce la clôture des marchés. Ainsi l’écrivain vénitien aura-t-il réussi, en un volume particulièrement modeste sous le rapport du temps de lecture qu’il exige, une parabole merveilleuse, usinée comme une Rolex, superbement inventive et diaboliquement malicieuse. C’est Faust avec une touche de Woody Allen”.