Le Genre humain 2019/2 : États de la radicalisation (n° 61)

À la suite des attentats de 2015, après la stupeur avait succédé une période frénétique où l’on prétendait faire la théorie de la radicalisation et de son traitement, souvent sans rapport concret avec la réalité.

Ce n’est qu’à la fin de l’année 2017 que des enseignements tirés de l’expérience avaient commencé à s’imposer. Parmi les acteurs de terrain, des « psy » avaient accumulé les observations issues de leurs pratiques. Les États généraux psy sur la radicalisation qui ont eu lieu à Paris, en novembre 2018, avaient pour but de mettre en commun leurs connaissances. Cet ouvrage rassemble les contributions de plus de 90 intervenants qui se sont relayés au plus près d’un phénomène qui a surpris par son ampleur, angoissé par ses menaces.

 

La radicalisation touche majoritairement des jeunes, dont les deux tiers ont entre 15 et 26 ans. Elle peut mener à la violence, mais pas nécessairement, non sans répandre la haine et l’insécurité diffuses. Il s’agit d’un ensemble de manifestations évolutives, aux ressorts multiples. Leur unification à travers la notion de radicalisation qui s’est imposée dans toutes les langues, fait ici l’objet d’une vigilance déconstructrice et critique.

États de la radicalisation
, le titre de ce volume, se réfère non pas à l’idée d’un inventaire, mais d’une exploration de problèmes réels, que l’on pourrait regrouper en trois pôles : la violence et la dangerosité, les difficultés du traitement, les dispositifs de prise en charge.

S’il est vrai que l’émanation idéologique de la radicalisation, dont il est question, ressortit à la crise contemporaine de l’islam, néanmoins il ne faut pas que son spectre islamoïde fasse oublier qu’elle appartient aussi à la fureur insurrectionnelle d’une époque, et qu’elle est déjà présente dans d’autres formes d’extrémismes identitaires.

Fethi Benslama

Date de parution 17/10/2019 — EAN 9782021428179
Éditions du Seuil
Version numérique sur Cairn.info

Le Genre humain 2019/2 : États de la radicalisation

 

Sommaire :

• Maurice Olender, Note liminaire (p., 15 à 17)
• Fethi Benslama, préface. Prologue aux États généraux psy sur la radicalisation (p., 19 à 23)

Prologue aux États généraux psy sur la radicalisation

• Fethi Benslama, Pourquoi ce prologue ? (p. 25 à 28)
• Muriel Domenach, Pourquoi ce prologue ? (p. 29 à 31)
• Jean-François Balaudé, Pourquoi ce prologue ? (p. 33 à 35)

Conférence inaugurale

• Richard Rechtman, Entre terrorisme et crimes de masse, quelles correspondances ?  (p. 37 à 46)

Convergences et divergences entre les approches psy et les sciences sociales

• Laurent Bonelli, Fabien Carrié, La radicalité djihadiste, un regard sociologique (p. 47 à 52)
• Gérald Bronner, Comprendre la pensée extrême, ce n’est pas l’excuser (p. 53-56)
• Olivier Galland, La tentation radicale : une enquête quantitative (p. 57 à 60)
• Tamara Guénoun, Les apports de l’approche « psy » du phénomène de radicalisation (p. 61 à 64)
• Marc Hecker, Qui sont les djihadistes de France ? (p. 65-68)
• Bruno Karsenti, L’État-nation face à l’interdit (p. 69 à 73)
• Thierry Lamote, Pour un dialogue entre approches psychanalytique et sociologique de la radicalisation (p. 75-79)

États généraux psy sur la radicalisation

• Christine Clerici, Ouverture (p. 81 à 84)
• Catherine Boiteux, La notion de dangerosité (p. 85 à 87)
• Michel Triantafyllou, La pensée psychiatrique au sujet de la radicalisation depuis 2015 (p. 91 à 96)

Introduction aux États généraux psy sur la radicalisation

• Fethi Benslama, La radicalisation violente
• Bernard Chouvier, Fanatisation et adolescence (p. 97 à 103)
• Nicolas Estano, Éclairage psycho-criminologique des passages à l’acte terroriste (p. 105 à 111)
• Pascal Marchand, Négocier en contexte de violence radicale (p. 113 à 117)
• Geneviève Morel, Le rôle de certaines images précoces dans le passage à l’acte terroriste (p. 119 à 122)
• Sabine Riss, « Ma vie ne vaut rien, mais on parlera de ma mort sur BFM » (p. 123 à 126)
• Michel Wieviorka, Un univers qui n’est plus le même (p. 127 à 128)
• Véronique Degermann, Les acteurs judiciaires (p.  129 à 132)
• Arnaud Martin, La prévention de la radicalisation au ministère des Solidarités et de la Santé (p. 133 à 134)

Conférence

• Cécile Rousseau, La radicalisation violente au Québec : comprendre, prévenir et intervenir (p. 135 à 145)

 

Clinique de la radicalisation

• Sarah Daoudi-Gassama, Dans les méandres du devenir femme : situation de deux adolescentes radicalisées (p. 147 à 152)
• Annabelle Jaccard, Quand la haine rencontre l’idéal (p. 153 à 158)
• Léa Kalaora, Quelle clinique pour les femmes de retour de Syrie ? (p. 159 à 163)
• Thierry Lamote, Leçons du dispositif de Pontourny. Retour sur l’expérimentation menée au CPIC 37 (p. 165 à 169)
• Danièle Epstein, Se faire passeurs quand ils sont dans l’impasse (p. 171 à 174)

Approches psychothérapeutiques

• Thierry Delcourt, Accueillir la radicalité adolescente : comment et à quelles conditions ? (p. 175 à 182)
• Serge Hefez, Nicolas Campelo, Des adolescents sous l’emprise de Daech (p. 183 à 187)
• Malika Mansouri, Penser les postures cliniques face aux radicales réalités adolescentes (p. 189 à 192)
• Alain Vanier, Haine et dépendance à l’adolescence (p. 193 à 194)
• Allocution de Mme Agnès Buzyn (p. 195 à 198)

Conférence

• Marc Sageman, L’émergence du terrorisme : un modèle dialectique (p. 199 à 204)

Les mineurs de retour de zones de guerre

• Thierry Baranger, Le rôle du juge des enfants dans la prise en charge des enfants de retour de zones de conflits (p. 205 à 212)
• Caroline Eliacheff, Dans le bureau du juge (p. 213 à 217)
• Léonor Sauvage, Le dispositif gouvernemental de prise en charge des enfants combattants (p. 219 à 224)
• Soraya Ayouch, Les mineurs de retour de zones de guerre pris en charge par la Protection judiciaire de la jeunesse (p. 225 à 229)
• Daniel Oppenheim, Considérations sur les mineur.e.s de retour de zones de guerre (p. 231 à 234)

Conférence

• Jean-François Gayraud, Le profil hybride des auteurs d’attentats : de la délinquance au terrorisme (p. 235 à 250)

L’épreuve des familles, le soutien à la parentalité

• Gweltaz Fily, Guillaume Habasque, L’épreuve des parents : retour d’expérience en milieu ouvert (p. 251 à 256)
• Stéphane Houyez, Une expérience d’accompagnement des familles (p. 257 à 260)
• Monique Lauret, L’épreuve des familles, le soutien à la parentalité, approche psychanalytique (p. 261 à 268)
• Véronique Stephan Vatan, Marie-Pierre Robin, Les parents comme ressource de désengagement (p. 269 à 272)
• Éliane Theillaumas, Le rôle des familles dans la prévention de la radicalisation (p. 273 à 277)
• Daniel Coum, Et les familles ? (p. 279 à 281)

Traitement de la radicalisation en milieu pénitentiaire

• Marion Dupays, Clinique de la rencontre de détenus pour faits de radicalisation ou de terrorisme (p. 283 à 288)
• Antoine Garapon, Remarque (p. 289-290)
• Guillaume Monod, Évaluation des troubles psychiatriques des djihadistes et terroristes en milieu carcéral (p. 291 à 294)
• Giorgia Tiscini, Le processus de radicalisation en milieu carcéral (p. 295 à 299)
• François Toutain, Traitement de la radicalisation en milieu pénitentiaire (p. 301 à 304)
• Xavier Crettiez, Radicalisation et prison (p. 305 à 308)

Dispositifs pluriprofessionnels de prévention de la violence

• Sabra Ben Ali, De la sidération à la construction d’une pratique collective dans le dispositif CAPRI (p. 309 à 314)
• Sabine Choquet, Les dispositifs de prévention de la radicalisation (p. 315 à 320)
• Guillaume Corduan, Un dispositif régional de santé en prévention des radicalisations (VIRAGE) (p. 321 à 324)
• Erwan Dieu, Olivier Sorel, Présentation du dispositif CéSURE d’accompagnement de personnes radicalisées (p. 325 à 328)
• Catherine Grandsard, Ethnopsychiatrie et prévention de la radicalisation (p. 329 à 332)
• Zohra Harrach-Ndiaye, Approche de la « radicalisation », l’expérience de la Seine-Saint-Denis (p. 333 à 337)
• Nora Letto, La place des psys dans un dispositif de désengagement de la violence extrémiste (p. 339 à 342)
• Marie-Cécile Marty, « Les horizons intérieurs de la peur » (p. 343 à 347)
• Marie-Aude Piot, Djamila Tail, Du risque au mouvement. Histoire d’une prise en charge (p. 349 à 352)
• Eric Bidaud, Remarques sur les dispositifs pluriprofessionnels de prévention de la violence (p. 353 à 356)

Questions éthiques, déontologiques et juridiques

• Jacques Borgy, Notre déontologie est-elle à géométrie variable ? (p. 357 à 362)
• Michel David, Psychiatrie et radicalisation : une présence vigilante et discrète (p. 363 à 366)
• Gilles Munier, Quid du secret médical face à la radicalisation ? (p. 367 à 371)
• Michèle Benhaïm, Devons-nous nous précipiter pour signaler ? (p. 373 à 374)

Radicalisation et maladie mentale, quels rapports ?

• Michel Botbol, Nicolas Campelo, Jean Chambry, Catherine Lacour Gonay, Danièle Roche-Rabreau, Roger Teboul, Radicalisation et psychiatrie : une géométrie très variable (p. 375 à 383)
• Patrick Chemla, Celui qui criait « Daech ! » (p. 385 à 389)
• Daniel Zagury, Radicalisation : ce que l’expertise psychiatrique nous apprend (p. 391 à 399)

Conférence

• Mark Dechesne, Autour d’une expérience de territorialisation de la prévention (p. 401 à 406)

Les politiques de lutte contre la radicalisation, impact de l’entropie psychologique

• Aurélien Rousseau, Pilar Arcella-Giraux, Autour d’une expérience de territorialisation de la prévention (p. 407 à 411)
• Claudie Baudino, Le cadre territorial de la prévention de la radicalisation (p. 413 à 415)
• René Zegerius, Intervention (p. 417 à 419)

Constats et préconisations (p. 421 à 425)

Remerciements (p. 427 à 428)