Le Genre humain, n° 62. Le Génocide des Tutsi au Rwanda (1959-2023). Devoir de recherche et droit à la vérité

Les responsabilités internationales, et françaises tout particulièrement, qui ont rendu possible ce génocide « prévisible », selon les mots du rapport Muse de 2021, ont été objectivées. Les recherches récentes montrent que l’entreprise criminelle aurait pu être stoppée, même au début de la phase paroxystique engagée quelques heures après l’attentat contre l’avion présidentiel le 6 avril 1994. Cet engrenage vers l’extermination planifiée des Tutsi a été dans le même temps – on le sait avec le rapport Duclert –, combattu par des agents de l’État de la République française, par des chercheurs, journalistes, citoyens. Leurs engagements sont ici appréhendés à travers des portraits, des analyses en profondeur et des documents d’époque.
Il importe de réfléchir au sens de l’événement incommensurable qu’est le génocide des Tutsi, de rechercher les traces insondables qu’il dépose dans les sociétés, de penser l’impératif de prévention pour éviter la répétition de l’histoire tragique, de s’interroger enfin sur les raisons de la faillite collective de n’avoir pu empêcher la catastrophe. Malgré les connaissances acquises sur le génocide des Arméniens et sur la Shoah, malgré les alertes nombreuses, la France et la communauté internationale ont laissé le processus génocidaire aller jusqu’à son terme au Rwanda.
Des chercheurs français, rwandais, d’Europe et d’Afrique, se sont réunis pour composer ce volume du Genre humain. Ils se reconnaissent dans le devoir de recherche exigeant une quête déterminée, implacable, de la vérité historique. Des sources nouvelles, des sujets renouvelés, des faits démontrés livrent un important savoir, qui paraît un an avant la trentième commémoration du génocide, fragment d’une histoire commune désormais possible.

Responsable de volume : Vincent Duclert
Préface de : Joseph Nsengimana
Postface de : Liberata Gahongayire

Ce numéro, publié par les éditions du Seuil, est disponible en librairies. Publication le 31/03/2023.
EAN 9782021508413

Maurice Olender, entretien avec Johan Faerber, Salon de la revue, 17 octobre 2021

Johan Faerber, Maurice Olender @ Diacritik

Maurice Olender était l’invité de la “Carte blanche Diacritik” du Salon de la Revue, le 17 octobre 2021. Interrogé par Johan Faerber, il évoque quarante années de la revue Le Genre humain. Lire la suite

Le Genre humain 2019/2 : États de la radicalisation (n° 61)

À la suite des attentats de 2015, après la stupeur avait succédé une période frénétique où l’on prétendait faire la théorie de la radicalisation et de son traitement, souvent sans rapport concret avec la réalité.

Ce n’est qu’à la fin de l’année 2017 que des enseignements tirés de l’expérience avaient commencé à s’imposer. Parmi les acteurs de terrain, des « psy » avaient accumulé les observations issues de leurs pratiques. Les États généraux psy sur la radicalisation qui ont eu lieu à Paris, en novembre 2018, avaient pour but de mettre en commun leurs connaissances. Cet ouvrage rassemble les contributions de plus de 90 intervenants qui se sont relayés au plus près d’un phénomène qui a surpris par son ampleur, angoissé par ses menaces.

 

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Le Genre humain 2019/1 : Le rêve des formes. Art, science, etc. (n° 60)

Une œuvre d’art est, presque toujours, l’œuvre d’un artiste, même s’il s’agit d’un« ready made », et celui qui la perçoit le fait aussi en tant que sujet. Ce qui rend toute œuvre d’art inépuisable. C’est même peut-être à cela qu’on la reconnaît. On ne voit, lit, entend jamais deux fois la même œuvre.
La question est différente pour les scientifiques qui, depuis Galilée et le « grand livre de la nature écrit en langage mathématique », déchiffrent ledit livre sans que le sujet n’intervienne autrement que par son habileté de déchiffreur. La vérité est dévoilée et existe indépendamment du sujet qui la dévoile puisque c’est la nature qui se dévoile. L’allégorie a traversé le XIXe siècle et reste bien vivante. Même si, on le constate très souvent, le voile montre parfois plus que le dévoilement. Alain Prochiantz Lire la suite

Le Genre humain 2018/1 : Chanter, rire et résister à Ravensbrück. Autour de Germaine Tillion et du Verfügbar aux enfers (n° 59)

Les laboratoires de l’horreur et de la mort industrielle que furent les camps nazis ont paradoxalement aussi été des lieux de création. Création dans des conditions extrêmes, presque toujours clandestine et souvent le fait de simples amateurs pour qui elle constituait une ultime planche de liberté – ou de résistance. Ce fut le cas dans le camp pour femmes de Ravensbrück avec Le Verfügbar aux Enfers, pièce écrite fin 1944 par l’ethnologue Germaine Tillion (1907-2008) avec l’aide de ses compagnes résistantes déportées. Œuvre de survie collective, cette « opérette-revue » sans partition qui détourne avec humour un répertoire varié d’airs populaires éclaire de manière exemplaire les relations complexes entre mémoire musicale, création et résistance dans les camps. Lire la suite

Le Genre humain 2017/1 (n° 58) : François Mitterrand et l’Amérique latine (1971-1995)

On parle peu de l’Amérique latine dans les chroniques ou les études consacrées à la politique étrangère des deux septennats de François Mitterrand. On peut s’en étonner car c’est le président élu en 1981 qui, le premier, a inscrit l’Amérique latine sur la carte de l’action extérieure de la France.

De Gaulle a ouvert la voie en 1964 avec ses deux grands voyages : au Mexique et en Amérique du Sud. Il a été un pionnier clairvoyant et audacieux. Mais ces voyages historiques n’ont guère été suivis d’effets et de résultats.

Ce livre a comme fil conducteur trois grandes questions que pose la politique latino-américaine de Mitterrand. Chaque auteur, dans son domaine spécifique, a tenté d’apporter son éclairage à ces problématiques.

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Le Genre humain 2016/1-2 : L’Antijudaïsme à l’épreuve de la philosophie et de la théologie (n°56-57)

Danielle Cohen-Levinas et Antoine Guggenheim ont choisi de privilégier l’analyse des modes d’imbrications entre philosophie, théologie et antijudaïsme. Les trois thèmes qui composent le titre de ce volume supposent d’emblée un quatrième terme : l’antisémitisme. Car, comme l’écrit Jean-Luc Nancy, le mot « antijudaïsme », qui a pu « servir de paravent à l’antisémitisme […], semble destiné à limiter les dégâts en prétendant qu’il s’agit d’une opposition à la religion juive, et non au peuple. Le problème est qu’on ne sépare pas si facilement les deux, même lorsqu’il s’agit de Juifs entièrement sortis de la religion. […] Quoi qu’il en soit, l’antisémitisme n’a été qu’un mot pour baptiser – si j’ose ironiser – ce qu’était depuis longtemps l’hostilité chrétienne envers les Juifs ». Lire la suite

Le Genre humain 2015/1 : Les artistes font des histoires (n°55)

Est-il légitime d’affirmer qu’une partie de l’histoire de l’art dit « contemporain », peut-être même « la moins négligeable », soit désormais écrite par des artistes ? Y aurait-il donc des « artistes-historiens, artistes-archivistes » qui seraient les chroniqueurs de ces « histoires qui nous manquent » ? Dans ce numéro succédant au volume consacré à Alain Fleischer (n° 54), historiens de l’art, philosophes, artistes ne s’interrogent pas uniquement sur le statut actuel de l’expression « art contemporain », ils visent aussi à souligner la « portée critique » des historiographies issues de pratiques artistiques.

Les initiateurs du volume, Jean-Philippe Antoine et Catherine Perret, écrivent : « Les histoires qui prennent ainsi corps réinvestissent les catégories du document, de l’archive, du mémorial, du monument et, de plus en plus, du musée. […] Les artistes font du désordre […] et ils le font en réinstaurant une relation entre histoire et fiction que dénie ou marginalise trop souvent le milieu professionnel des historiens ».

Si les performances d’artistes font coexister des registres spécifiques, d’apparences contradictoires, si la simulation induit des scénarisations de l’histoire, ne s’agit-il pas d’une façon « expérimentale » d’explorer, voire de critiquer, les limites, éthiques et esthétiques, de l’historiographie notamment politique ? Il n’est pas impossible que ce type d’histoire, mis en forme par des artistes, et qui pourrait sembler compromis par l’emploi du replay, soit une façon rigoureuse de s’efforcer, sans nécessairement toujours y parvenir, d’échapper aux inscriptions de la répétition : mémoire aveugle et silencieuse de toute historiographie.

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Le Genre humain 2013/1 : Alain Fleischer écrivain (n°54)

Depuis sa création, la revue Le Genre humain a publié plus d’une quarantaine de numéros thématiques. Peu de volumes ont été consacrés à l’œuvre d’un auteur : Charles Malamoud, Jacques Le Brun et récemment Jean-Pierre Vernant. À ces trois savants succède aujourd’hui un artiste dont l’œuvre a pu surprendre la critique par son ampleur, par sa dynamique plurielle. En effet, cinéaste, plasticien, photographe, écrivain, auteur de romans et d’essais, Alain Fleischer collabore aussi régulièrement à des projets de l’architecte Jean Nouvel. Qu’il soit fondateur et directeur, depuis sa création en 1997, du Fresnoy-Studio national des arts contemporains, une institution dédiée à la création artistique audiovisuelle, permet de saisir autrement encore la cohérence structurelle d’une démarche en effet plurielle : institutionnelle et esthétique, politique et poétique.

 

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Le Genre humain 2012/2 : Jean-Pierre Vernant. Dedans Dehors (N° 53)

À l’automne 1981 paraît La Science face au racisme. Aux côtés de Jean Bernard, François Jacob, Jacques Le Goff et Léon Poliakov, on trouve, au « Comité » de la revue Le Genre humain, Jean-Pierre Vernant.

Au printemps 1991, Le Religieux dans le politique s’ouvre sur un texte de Vernant qui écrit : « La science, la raison, l’universel, par définition en quelque sorte, n’ont rien à dire à l’individu, en particulier sur la question du sens. La science peut s’exprimer sur la question des faits, sur la question des causes, mais pas sur celle du sens. […] Lire la suite