Il y a en France un ministère de la Culture, singularité dans une démocratie. Depuis 1981, ses interventions se multiplient : événements, marchandises, consommations, la culture semble diverse et vivante. N’est-ce pas l’inverse ? La fièvre indique un malaise. Au-delà d’une critique de la culture de cour, avec ses mœurs, grimaces, travers et ridicules, il faut analyser les tensions qui, toujours, existent entre art et politique, culture et pouvoir. Car, menée par la gauche ou la droite, la politique culturelle recèle des risques. Les arts ont peut-être le ministère qu’ils méritent, et le ministère les artistes qui le justifient. Que l’art divorce d’avec le sens, la forme, le beau, qu’il ne dise plus rien à personne, qu’il n’y ait plus d’œuvres ni de public, qu’importe, du moment qu’il y a encore des artistes et des politiques, et qu’ils continuent de se soutenir : une subvention contre une signature au bas d’un manifeste électoral. Le rideau tombe, il faut juger la pièce. Ministère de la Culture ? Non, gouvernement des artistes. Mais on ne gouverne pas la culture, et elle n’est pas un moyen de gouvernement. Rien n’est pire qu’un prince qui se prend pour un artiste, si ce n’est un artiste qui se prend pour un prince.
M.S.
205 p., décembre 1993 — EAN 978-2020195072
Illustration de couverture : Sempé
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Presse (sélection)
Le Monde, 9 février 1993 : “Conseiller référendaire à la Cour des comptes, collaborateur régulier de la Revue de psychanalyse, auteur d’ouvrages sur Schumann, sur Glenn Gould, sur le plagiat en littérature, Michel Schneider, après trois années passées rue Saint-Dominique, démissionnait le 22 mai 1991 de son poste de directeur de la musique au ministère de la culture. Dix-neuf mois ont été consacrés à écrire un petit livre paru en janvier. Petit par son format, envahissant par son contenu (…), La Comédie de la culture est le jugement d’un serviteur de l’État sur ce qu’il a vu se produire sous ses yeux. Une réflexion de fond sur les rapports _ jugés pervers _ entre les hommes de l’art et les représentants du pouvoir. Ce qu’un intellectuel, ce qu’un citoyen conscient de ses responsabilités se devait de livrer à la méditation de chacun (…)”.
L’Express (Anne Pons, 25 février 1993), “La Comédie de la culture de Michel Schneider (Seuil), est un livre grave, étincelant, d’une implacable drôlerie.”
Le Monde diplomatique (mai 1993) : “Quel est le bilan de la politique culturelle de M. Jack Lang — mais aussi de M. François Léotard durant la cohabitation de 1986-1988 ? Dans un pamphlet dont l’écho a été énorme, Michel Schneider, qui fut pendant trois ans directeur de la musique et de la danse au ministère de la culture, se propose de décrire l’entrelacs des contradictions d’une stratégie, qui sont autant d’aveux d’impuissance politique. S’opposant explicitement à la vision nostalgique et conservatrice de Marc Fumarolli (L’État culturel), l’auteur contribue de manière substantielle à une réflexion sur l’économie politique de la culture (…)”