Daniel Heller-Roazen, Une archéologie du toucher

Que veut dire se sentir vivant ? C’est à cette question que répond Daniel Heller-Roazen en faisant l’archéologie d’un seul sens : ce « toucher intérieur, par lequel nous nous percevons nous-mêmes ». Aristote fut sans doute le premier à définir cette puissance de l’âme. Après lui, beaucoup d’autres s’efforcèrent de définir et de redéfinir cette curieuse sensation.

Les philosophes de l’Antiquité, les penseurs musulmans, juifs et chrétiens du Moyen Âge ont tous étudié une faculté qu’ils appelaient le « sens commun ». De Montaigne et Francis Bacon à Locke, Leibniz et Rousseau, de la médecine du XIXe siècle à Proust et Benjamin, les auteurs modernes ont fait écho, consciemment ou non, à ces diverses traditions, en explorant la perception que tout être sensitif a de sa vie.

Une archéologie du toucher reconstitue l’histoire de cette perception. Sensation et conscience, sommeil et réveil, esthétique et anesthésie, perception et aperception prennent ici un sens nouveau.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Paul Chemla

432 p., octobre 2011 — EAN 9782020908153

• Carlo Ginzburg, “Une archéologie du toucher de Daniel Heller-Roazen : la simple sensation d’exister“, Le Monde, 10 novembre 2011 : “Qui commence à lire Une archéologie du toucher, de Daniel Heller-Roazen, fait la rencontre d’un chat : le chat Murr, protagoniste du célèbre roman d’E. T. A. Hoffmann. Très vite cependant, le lecteur se retrouve plongé dans une analyse de plusieurs passages d’Aristote sur les sensations, analyse qui, bien que parfois assez technique, n’en demeure pas moins exposée dans un langage d’une limpidité exemplaire.
Ceux qui connaissent l’éclectisme de l’auteur (dont on peut lire également en français Écholalies : Essai sur l’oubli des langues et L’Ennemi de tous. Le pirate contre les nations, Seuil, 2007 et 2010) ne seront pas surpris. Ils ne s’étonneront pas non plus qu’un livre mêlant philosophie et histoire de la philosophie ait été écrit par un professeur de littérature comparée de l’université de Princeton.”

• “« Les stoïciens appellent ce sens commun le toucher intérieur, par lequel nous nous percevons nous-mêmes. » Ce mot d’Aëtius, mis en exergue à ce beau livre, en donne l’orientation de pensée et de recherche. Il s’agit pour l’auteur de s’interroger sur le sens du toucher. Ce thème est traité en vingt-cinq chapitres qui représentent autant de variations sur la question de savoir ce que signifie « se sentir vivant » (Philippe Charru, Revue Études)