Comment distinguer le poétique des autres expériences fondamentales de l’existence et de la pensée? Comment en comprendre l’autonomie ? Qu’en est-il, de ses rapports avec la religion, la croyance ? En quoi peut-elle être la pensée critique qui délivrera la société de sa propension aux idéologies qui aiment la mort et veulent le meurtre.
Dans ce volume, anthologique, il s’agit de La conscience de soi de la poésie : de l’idée que ceux qui l’écrivent se font, plus ou moins consciemment, de leur vocation et des conséquences de celle-ci dans leur rapport à la société et à eux-mêmes. Mais il y est question aussi du rapport que la poésie a entretenu en Europe, et depuis Dante et Pétrarque, avec son propre projet, qui fut abordé de diverses façons à travers l’histoire.
La poésie ? Ce n’est nullement pour nous, est-il besoin de le dire, une activité littéraire, une production de textes qu’on aurait à examiner du dehors avec les instruments directement ou indirectement formalistes de la critique contemporaine. Mais une expérience où l’être moral et le rêve métaphysique s’engagent également, au prix de conflits, de relations ambiguës qu’il est utile de démêler.
Quelque chose de complexe mais également de très simple. Un vouloir toujours contrarié mais qui s’obstine. Une obstination qui peut offrir au siècle à la recherche de soi moins une quelconque leçon que l’exemple d’une recherche de vérité.
Yves Bonnefoy
La Conscience de soi de la poésie
Colloques de la Fondation Hugot du Collège de France (1993-2004)
Sous la direction d’Yves Bonnefoy
Ce numéro, publié le 24 avril 2008 par les Éditions du Seuil, est disponible en librairies. 432 pages — EAN 9782020971386
Sa version numérique peut être téléchargée sur Cairn.info.
SOMMAIRE :
Maurice Olender, Présentation
Yves Bonnefoy, Au rendez-vous des amis
Jean Starobinski, Jour sacré et jour profane
Jacqueline Risset, Ce que c’est qu’un endroit de la terre
Karlheinz Stierle, Le cadre vide. Montaigne peintre
Patrick Née, Le chef-d’œuvre trop connu (Frenhofer et nous)
Odile Bombarde, Poésie et psychanalyse : « Ouvrez-moi cette porte… »
Michael Edwards, Autrement dit
Patricia Oster, « Visibile Parlare » : entre poésie et peinture
Umberto Todini, Le lieu latin de la naissance d’Homère ou la poétique du rêve à Rome
Maurice Olender, Ce que le politique doit au poétique
Michel Zink, Pourquoi lire la poésie du passé ?
Stefano Agosti, L’invention du poétique
Dominique Combe, De l’épopée au « Poème »
John E. Jackson, Douleur, deuil, mémoire
François Trémolières, « La nuit sera l’unique symbole »
Carlo Ossola, Leopardi : préludes et passions, traduit de l’italien par Nadine Le Lirzin
Harald Weinrich, Lieux et non-lieux d’un écrivain franco-allemand : Adelbert von Chamisso
Michèle Finck, L’écoute et la musique dans la conscience de soi de la poésie rilkéenne : pour une audition des Sonnets à Orphée (I, 1, 3 et 26)
Jérôme Thélot, John Millington Synge. La maison, le sublime, la parole
Yves Bonnefoy, Apparentements et filiations
Patrick Labarthe, Nerval ou le « prosateur obstiné »
Bertrand Marchal, Valéry ou le Cogito poétique : l’exemple de La Jeune Parque
Yves Bonnefoy, Lettre du 26 octobre 2001
Yves Bonnefoy, Paroles d’introduction (2002)